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1Monsieur, depuis la derniere despeche que je vous ay faict, j’ay receu quatre de voz
2lestres, la premiere des mains du second consul de ceste ville, la seconde par le moyen de
3monsieur de La Tivollyere, la troysiesme par Jean de Cosme, la quatriesme par
4de Luzy, ausquelles je veoys presentement respondre pour vous asseurer que ma
5femme n’a eu que quatre exès de fiebvre tierce, laquelle a este quicte pour cela. J’espere
6qu’avec l’ayde de Dyeu, du bon secours de monsieur de Villeneufve et du bon regime
7qu’elle tient, que tout cela emsemble la guardera de rancheoyr, ains le contentement
8qu’elle a receu de veoyr ces freres et sœur, combien qu’il soit de bien petite durée,
9suivant votre commandement, lequel à notre très grant regret n’avons ousé exeder.
10Vray est que nous estions resoulus de noz dispancer de les arrester icy, vous
11attendant, n’eust esté les advertissementz qu’avons en ce pays, comme plus amplement
12pourrés veoyr par la lettre que monsieur de Truchenus m’a escrit, laquelle je vous
13envoye. Aussi ne veus-je fallyr vous adviser comme monsieur Du Pegue m’a escrit
14qu’yl n’y a que troys jours qu’il entra, environ la minuict, trente-cinq ou quarante hommes, tous à cheval, dans Dieulefit, pourtant corps de cuirasse et pistoletz, me noumant, entre
15les aultres de ceus qui estoyent en ladicte assemblée, les sieurs de Cons, Monjouls,
16Pouet, cappitayne Felix et aultres. Je ne say ce qu’ilz pourront estre devenus, quar
17incontinant après la ditte reception de la lettre, j’envoyys au dit Dieulefit. L’on me
18rappourta qu’il n’y avoit personne dans le dit lyeu estrangiers. Il y eust hiert
19huict jours que j’ostys les armes aus catoulizées, leur desfandant la guarde
20en leur faisant fournyr à leur tour ung catoulique feable, ce qu’ilz font. J’ay faict
21invantorizé les dites armes pour en rendre conte en temps et en lyeu. Je vous
22envoye ung paquet de lettres que monsieur le president Bellyevre vous escrit.
23[v°] Au demeurant, monsieur, j’ay faict tenyr le paquet de monsieur le cardinal d’Armaignac,
24et cestuy-là de monsieur de Suze par la voye de la poste. J’ay aussi donné seure adresse
25à la lettre qu’avés escrit à ceus du Bouys. Et incontinant que le consul de ce lyeu
26fut de retour d’auprès de vous, je donnys congé aus souldatz que j’avoys retenu
27pour la guarde du chasteau. Si j’eusse plus toust receu votre lettre que monsieur de
28la Tivollyere m’envoyast, j’eusse incontinant monté à cheval pour aller attendre
29monsieur le cardinal Urssin au pourt d’Encomme, pour luy offrir tout service, mais
30je ne receus la dite lettre qu’après le passaige dudit cardinal. Vous remercyant
31tres humblement les lettres de recommandations quavés escrites à mon occasion à
32messieurs le president de Pourtes et advoucat du Roy, je ne fauldray à
33faire tenyr la lestre qu’escrivés à monsieur de Monbrum. Nous avons icy nouvelles que
34ceus de Nismes veullent faire les foulz. J’auseroys croyre qu’ilz ne s’opiniastreront
35pas qu’ilz n’ayent grande intelligence pour estre secourus en leur besoing. Je m’en
36remetray à ce que monsieur Bellyevre vous en escrit, semblablement de la retreyte
37que les huguenotz d’Allès ont faicte, combien que vous trouverés le dit paquet du
38dit sieur president de vielle datte, quar le pourteur d’icelluy est demeuré malade
39par les chemins. J’ay receu des lettres du XIIIe du passé de messieurs de Venes,
40La Roche, Laval et Chastelart. Je loue Dieu de qu’ils soyent toutz en santé. J’ay faict tenyr
41ung pacquet leur à madame de Cazeneufve. Je suis en peyne de monsieur de
42Tailladé pour n’avoyr eu aulcunes nouvelles siennes despuis ung moys ou cinq
43sepmaynes en-sà qu’il me mandoit qu’il avoit la fiebvre et qu’elle ne faisoit point
44de semblant de le leysser. Nous avons ung prescheur qui est natif de cesteville,
45frere d’un ministre de la nouvelle religion, lequel fructifie de fasson, par
46ces sainctz et doctes sermons, que toutz les catoulizées de ce lyeu disent qu’ils n’ont en
47[14] leur vye ouy ung si suffisant homme que luy, pour la suffisance duquel je respondroys quil
48vat du per avec monsieur de Saincte-Foy qu’est estimé le plus grant teologien et le plus digne precheur
49de France. Dieu veuille que la bonne doctrine dudit Pichot les fasse vivre en gens de bien ; lequel
50je retiendray icy le plus qu’il me sera possible. Par la lettre que Chabalys vous pourta, j’avoys equivoqué
51quar je prenoys Lunel pour Allès. Nous avons eu en ceste ville l’advertissement semblable que je
52vous escrivoys. Pour n’avoyr aultre chose qui meritent vous escrire, je salueray voz bonnes graces par
53mes tres humbles recommandations, priant Notre Seigneur vous donner,
54Monsieur, en très bonne santé longue et hereuse vye. Au Monteilhimart, ce [blanc].
55Vostre très humble et très hobeyssant
56filz et serviteur à jamays.
57Hourche
58Incontinant que je receus votre premiere lettre de la mort de feu monsieur l’admiral, je despechys
59à mes subjectz de La Motte pour faire bonne guarde, ce qu’ilz font à ce qu’ilz m’ont mandé. J’ay desjà
60donné seure addresse à la lettre que luy escrivés à monsieur de Monbrun.
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